La Vierge de Fer
Serge Lutens nous raconte son dernier parfum...
Que la lumière soit ! Et l’ombre fut. N’a pas l’âme noire qui veut !
« Je viendrai comme un voleur… » dit le Christ ; en silence assurément et probablement, de lui, chaussé. S’il veut mériter son titre, le Voleur se devra d’opérer sous l’œil grand ouvert des propriétaires absents. L’œil ici, n’est pas celui, ténu, qui fixe Caïn dans le regret mais, d’un autre, qui d’une certaine façon, ferait d’Abel, un complice.
Si les fétiches, idoles et grigris du Musée de l’Homme, à Paris, n’avaient pas rencontré le XXème siècle, tout un chacun aurait manqué cet incroyable pied de nez à Eros que sont, Les Demoiselles d’Avignon. « Les Nègres avaient compris que tout ce qui nous entoure est ennemi », disait à son pinceau, le sorcier Picasso. Qui, si ce n’est un de ceux, décidé à la vie, par la mort, oserait, desserrer les dents de ce sexe du monde : la peur. Puisqu’elle est le fruit de nos entrailles, il faudra l’élever.
Afin de cela, ne redoutant pas l’inceste, nous la baiserons. De cette façon, elle enfantera nos plus beaux monstres. C’est ainsi, un peu rouillés à force d’hésitations, que mes pas ont rejoint La vierge de fer ; ce lys entre les épines.
Serge Lutens
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